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Programme de réintroduction et reproduction en captivité

LA RÉINTRODUCTION D’UNE ESPÈCE EN DANGER D’EXTINCTION

Le lamantin des Antilles (Trichechus manatus manatus) un mammifère aquatique herbivore et inoffensif est classé “en danger” d’extinction sur la Liste Rouge des espèces menacées de l’UICN. Le lamantin vit dans des eaux littorales peu profondes où il se nourrit d’herbiers marins et de palétuviers. Il occupe une large palette d’habitats : les lagons coralliens, les mangroves, les embouchures de fleuves et les fleuves eux mêmes, s’aventurant dans certains cas loin à l’intérieur des terres. Chassé de manière intensive durant l’époque coloniale, le lamantin a aujourd’hui disparu des eaux de la Guadeloupe et de l’ensemble des Petites Antilles. Aujourd’hui , bien qu’encore présent dans 20 États de la Grande région Caraïbe, les experts estiment que dans 13 d’entre eux les populations atteignent un niveau critique de moins de 100 individus (Self-Sullivan et Mignucci-Giannoni, 2012). Les populations sont menacées par le braconnage, les pollutions, les captures accidentelles, les collisions avec les bateaux, la destruction des habitats… Dans ce contexte, une disparition de l’espèce dans une large partie de son aire de répartition est probable à moyen terme sans actions efficaces de conservation

Devant une situation aussi critique, des approches ou actions innovantes et collaboratives doivent donc être envisagées pour conserver les populations de lamantins restantes et, potentiellement, faciliter l’établissement et la croissance de nouvelles populations. La réintroduction du lamantin en Guadeloupe est une nouvelle étape dans cette direction.

Objectifs

Le projet de réintroduction du lamantin en Guadeloupe poursuit 4 grands objectifs :

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L’amélioration du statut de conservation de l’espèce en rétablissant un noyau de population en Guadelopue. A plus long terme, le projet pourrait contribuer à rétablir les conditions d’une recolonisation progressive de l’espèce dans les Petites Antilles et reconstituer un flux entre des populations aujourd’hui déconnectées.

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L’expérimentation : première réintroduction d’un mammifère marin à l’échelle mondiale, le projet fournira un modèle reproductible pour d’autres populations de lamantins dans la Caraïbe et d’autres mammifères marins ailleurs dans le monde.

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Le soutien et l’encouragement des efforts de recherche et de conservation des lamantins dans d’autres territoires de la Caraïbe.

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La reconquête d’un élément fort du patrimoine naturel guadeloupéen, animal emblématique qui perdure dans la culture et l’imaginaire au travers de “Manman D’lo”, personnage mythique des contes créoles.

Stratégie opérationnelle du programme

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Le projet de réintroduction du lamantin en Guadeloupe est un projet organiser en deux temps. En premier lieu, une phase préparatoire a été mise en place, de 2010 à 2015. En second lieu, une phase de réalisation et de suivi est planifiée de 2016 à 2025. Cette phase a été amorcée en septembre 2015 avec le démarrage du projet LIFE SIRENIA. Ces deux phases sont et seront accompagnées d’actions d’information, de sensibilisation et de communication, essentielles à l’acceptation et à la diffusion du projet à l’échelle locale, nationale et internationale.

coopération internationale
Phase préparatoire
Phase de réalisation et suivi

Cliquez sur la frise pour voir les différentes phases.

La phase préparatoire
2010 - 2015

Cette période a permis d'étudier la faisabilité du projet et de démarrer un travail de concertation auprès des populations riveraines de la baie, des acteurs socioprofessionnels et des collectivités. Des partenariats avec les pays potentiellement donateurs ont été mis en place, ainsi que le diagnostic du milieu et l'évaluation des menaces. Un centre d'élevage a été aménagé et une équipe technique recrutée pour être en capacité d'assurer l'accueil et la reproduction des animaux. La phase préparatoire du projet est aujourd'hui terminée.

11 L'étude de faisabilité de la réintroduction datant de 2002 effectuée par Lartiges et al, suite à une commande de la DIREN, a apporté des conclusions positives quant à la réalisation de la réintroduction. Cet avis favorable a été partagé par des experts du Mote Marine Laboratory (Reynolds et Wetzel, 2008).

Quelques éléments essentiels en ressortent :

  • présence d'habitats très favorables en terme de ressource alimentaire : herbier sous-marins très étendus (5500 ha) et de bonne qualité au sein d'une aire marine protégée.
  • présence d'embouchure de rivières et accès à l'eau, notamment la Grande Rivière à Goyaves et la résurgence de Vieux-Bourg de Morne-à-l'Eau
  • présence de zones très faiblement fréquentées et activités humaines modérément menaçantes
  • acceptation générale de la communauté locale de l'île

Validation et appui du projet

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Depuis une dizaine d'années, un ensemble d'études, d'avis favorables, et de reconnaissance nationale et internationale ont permis d'asseoir la légitimité du projet, régulièrement reconfirmée. L'appui d'experts internationaux dans la phase de préparation a permis de consolider la cohérence et garantir la réussite du projet, notamment en l'orientant vers des animaux captifs

Le projet de réintroduction du lamantin en Guadeloupe a été reconnu à l'international à deux reprises, en 2008 et 2012, par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et l'ensemble des pays signataires du protocole de SPAW (relatif aux aires spécialement protégées et à la faune sauvage à la Caraïbe - Convention de Carthagène) comme une action expérimentale et innovante pouvant contribuer grandement à la conservation de l'espèce.

En septembre 2010, le Parc national a présenté le projet de réintroduction du lamantin en Conférence Plénière du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) et a reçu l'encouragement de ses membres à la poursuite du projet. En novembre 2012 et 2014, le projet a été présenté devant la Commission Faune du CNPN qui a émis à l'unanimité un avis favorable au projet. l'avancement local du projet et sa reconnaissance internationale positive permettent de préparer l'accueil des premier lamantins pour 2016. Ce processus implique le développement d'accords de coopération formels avec les pays donateurs d'individus.